Origines médicales (XVIIIe – XIXe siècles)
Le terme « nĂ©vrose » a Ă©tĂ© introduit en 1769 par le mĂ©decin Ă©cossais William Cullen dans son ouvrage Synopsis Nosologiae Methodicae. Ă€ l’Ă©poque, il dĂ©signait des troubles fonctionnels du système nerveux sans lĂ©sion organique apparente, englobant des affections telles que les vertiges, les convulsions ou la mĂ©lancolie.
Au XIXe siècle, des figures mĂ©dicales comme Jean-Martin Charcot, Ă la SalpĂŞtrière, ont Ă©tudiĂ© l’hystĂ©rie en observant des manifestations spectaculaires telles que des convulsions, des paralysies ou des Ă©tats catatoniques.
Charcot considĂ©rait l’hystĂ©rie comme une affection neurologique, mais ses travaux ont ouvert la voie Ă une comprĂ©hension plus psychologique de ces troubles.
C’est dans ce contexte que Sigmund Freud, médecin neurologue, va s’éloigner progressivement du modèle strictement organique. En collaboration avec Josef Breuer, il étudie le cas célèbre d’Anna O., et constate que certains symptômes hystériques disparaissent lorsque le souvenir traumatique est revécu et verbalement exprimé. C’est la naissance de la « talking cure » — la thérapie par la parole.
Freud élabore alors une théorie radicalement nouvelle,  les symptômes névrotiques ne sont pas dus à des lésions du cerveau, mais à des conflits psychiques inconscients, issus de désirs refoulés.
Pour comprendre ce fonctionnement, Freud développe deux modèles successifs, appelés topiques :
➤ La première topique
Elle divise l’appareil psychique en trois instances : Inconscient, Préconscient et Conscient. Le symptôme névrotique naît lorsque des pulsions inacceptables (souvent sexuelles ou agressives) sont refoulées dans l’Inconscient. Elles ne disparaissent pas, mais reviennent sous forme déguisée, souvent corporelle ou comportementale.
➤ La seconde topique
Elle introduit les nouvelles instances du Ça (réservoir pulsionnel), du Moi (médiateur) et du Surmoi (instance morale). La névrose apparaît ici comme un compromis entre :
Ces topiques sont essentielles car elles offrent un cadre dynamique à la compréhension de la névrose : non plus un simple trouble fonctionnel, mais une tension intérieure permanente, qui s’exprime à travers le symptôme. Elles permettent d’entendre le symptôme non comme une erreur, mais comme un message à décoder, reflet du conflit entre pulsion, interdit et défense.